mardi 22 novembre 2016

Fabriquer du collectif au service du sol, un bien commun ! par William Elie, les Amis de la Conf' et Solidaires écologie

L'actualité des luttes foncières au-delà de la nécessaire fédération des luttes et « zones à défendre » engage une réflexion d'organisation collective contre les prédations de terres et la dégradation de ce bien commun millénaire qu'est le sol, garant de notre alimentation et de nos paysages. 

Réunis à Rouen les 18-19 novembre, les collectifs (Bouillons-terre d'avenir, Bure, Notre-Dame-des-Landes, « des T erres pas des H ypers », Haren-Belgique, Lentillères-Dijon, Reclaim the Fields)- accompagnés de Terre de Liens Normandie et des Amis de la Confédération paysanne, réactivent le Manifeste pour la sauvegarde des terres agricoles en questionnant les « Communs ». 


Du numérique aux ressources naturelles en passant par le Conseil national de la Résistance et les enjeux de savoirs au service de la communauté et de l'intérêt général, le sujet est au coeur des luttes écologiques liées à l'expérimentation sociale et autogestionnaire. 

Sauvegarder les terres nourricières en voie d'épuisement, de bétonnage et d'accaparement est devenu un enjeu de société pour l'alimentation et le climat qui fait converger des luttes en opposition aux agressions du capitalisme financier. « En France, 26 m2 de terres fertiles disparaissent chaque seconde» sous la pression du macadam, des zones pavillonnaires et des hypermarchés dont notre pays est champion. 

Le productivisme sature la terre de produits alimentaires de basse qualité, pourtant sa régénérescence naturelle ne suffit plus à satisfaire la demande. L'option de scénario d'une agriculture française remplacée par des usines à bouffe, à « barbaque » alimentées par des produits importés de l'étranger -et hors sol- s'envisage sur les rayons de la grande distribution. 

L'agriculture oublie sa mission de dynamique du vivant qui nécessite la vitalité des sols (disparition de l'humus supplantée par la chimie), le sol s'épuise, soumis à une logique de surproduction et de rendements « forcés ». 

La perte de fertilité des sols par surexploitation agricole s'accompagne d'une augmentation de la dépendance des marchés internationaux, d'une perte de biodiversité, de patrimoines paysagers qui façonnent la culture des territoires. 

Des voix s'élèvent face à la concentration foncière qui ouvre la voie à une industrialisation de la production et la marchandisation du crédit carbone. 

L'installation groupée mobilise, interrogeant la propriété d'usage, l'accès au fermage, la veille foncière, les outils techniques de mutualisation incluant cahiers de doléances et « états généraux des territoires en lutte ». On évoque l'articulation de la question foncière avec d'autres enjeux comme le logement et les droits sociaux l'interaction ville-campagne (« bien vivre » en milieu rural), et les pressions de la métropolisation. 

Combattre les accaparements et préserver le climat grâce à la forte capacité des sols de stocker le carbone sous forme organique, absorber l'eau et limiter les inondations, tempérer l'air et réduire les canicules animent la résistance face à la perte de souveraineté alimentaire. 

Et pour résister à l'agonie de la paysannerie, des solutions d'occupation et d'« empaysannement » au secours du sol qui demeure en droit une valeur purement monétaire et non un droit d'usage ! 

Tels des lanceurs d'alerte, les protagonistes des luttes de territoires coopèrent juridiquement pour faciliter l'accès au foncier agricole (processus de transmission-installation), et suspendre l'artificialisation des sols et la concentration agricole. 

L'idée d'un moratoire en vue d'un plan de protection généralisée du foncier agricole, forestier et naturel, fait son chemin, s'inspirant de la loi « littoral » en vue de réduire de 90 % le processus actuel d'artificialisation des terres et de stopper la spéculation sur les terres agricoles urbanisables.

William ÉLIE, 21 novembre 2016 
pour Les Amis de la Conf' et Solidaires écologie

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